Veillée de Noël à Batipê

Publié le par Ric-kun

Pour ceux qui ont lu ma nouvelle, le Voyage d'Azilon et de Peegle Kwit vont retrouver Azilon dans une nouvelle que j'ai écrite spécialement pour un concours qui s'intitulait Conte de Noël! Voici le texte que j'ai présenté.


Veillée de Noël à Batipê
 
 
             Dans le petit salon plongé dans le noir ou presque, on pouvait voir plusieurs chats disposés les uns contre les autres qui faisaient face à un fauteuil où un autre chat était assis. Il s’agissait de félis, peuple de chat habitant Gaïa. Un feu de cheminée crépitait derrière le groupe de chats, certains allongés, d’autres assis ou dans diverses positions encore. Trois générations étaient regroupées à la veille de Noël. Dehors, la neige recouvrait les toits de la dernière cité félisienne, Batipê.
 
Les plus jeunes chatons étaient tous proches du fauteuil, ils étaient une petite quinzaine à s’agiter attendant que le récit ne commence. Derrière eux se tenaient, leurs parents pour beaucoup enlacés ou proches les uns des autres. Sur le fauteuil, le grand-père se remémorait l’histoire de son enfance. Terrible enfance. Il se nommait Azilon, il avait un fin pelage bleu qui par le passé avait été bien plus fourni et des yeux qui étaient par contre restés aussi brillants que par le passé et d’une couleur orange profonde. Puis revenant au présent, il regarda la petite ribambelle qui lui faisait face et toussant légèrement, il se mit à conter son histoire:
 
-   Vous n’ignorez pas ou vous le saurez bientôt que pendant mes premières années, j’ai vécu seul mais aussi des aventures époustouflantes. Mais, je ne vais pas …
-        Oh oui Papy, on voit tout ça en classe! Je ne veux pas travailler pendant les vacances, s’indigna un des plus âgés des petits.
 
Cette déclaration fut suivie d’un tonnerre de protestation des trois plus jeunes qui non seulement voulait entendre l’histoire mais en plus ignorait tout du passé de leur grand-père. L’école n’avait pas encore commencé pour eux.
 
-        Chuuuut ! Calmez-vous, laissez parler grand-père et ne l’interrompez plus.
-        Je disais donc que je n’allais pas vous conter ce que vous ne tarderez pas à savoir ou ce que vous savez déjà. Mais je voulais vous conter ce qui s’était passé pour moi bien avant ces aventures fabuleuses qui allaient m’arriver par la suite. Des Noëls magiques mais surprenants. Durant ces années, j’étais sans famille, sans personne, j’étais perdu. Un rapt m’avait enlevé de ma famille et je me retrouvais seul à devoir me débrouiller sans aide. Je vais vous conter mes noëls de solitude. Je ne saurais vous parler des précédents que j’ai passés seul, car mes souvenirs ne vont pas si loin mais je vous parlerais des trois derniers de l’époque qui sont vivants en moi encore, mais le dernier est sans doute le plus intéressant de tous. Vous ne tarderez pas à savoir pourquoi.
 
 
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            Un petit chat au pelage bleu touffu dormait entre les racines d’un arbre, pelotonné tout contre le tronc. La neige recouvrait tout le paysage de la contrée lointaine où Azilon s’aventurait au hasard, il s’agissait du petit matin. L’une de ses pattes glissa et au contact froid de l’épais manteau blanc qui embellissait le sol, normalement terreux, le chat souleva instinctivement sa patte et la reposa sur l’autre, n’entrouvrant qu’un seul œil. Il était entré dans sa phase de réveil, ce dernier n’allant plus trop tarder.
 
Quelques dizaines de minutes plus tard, le chaton s’étirait, les pattes s’écartant chacune de leur côté, afin de permettre au corps de se désengourdir. Il bailla un instant, puis se mit à rouler dans la neige. Autant, il détestait ce froid qui semblait provenir de la matière blanche, autant, il trouvait cela joli et il aimait à se rouler dedans. Puis, il s’arrêta soudainement, son œil gauche avait cru distinguer quelque chose entre les racines de l’arbre, pas très loin du lieu où lui-même avait passé sa nuit. Il se releva et ses yeux orange se tournèrent vers la chose étrange disposée près du noble bois. Un animal roux à la queue panachée et arrondie le fixait, il s’agissait d’un écureuil. Le féal hôte de la forêt lui dit ces mots:
 
-         Joyeux Noël! Tu ne comptais tout de même pas partir sans ouvrir tes cadeaux?, de sa courte patte, l’animal désignait plusieurs petits paquets situés tout près de la racine où Azilon avait passé sa nuit.
-         Noël? Cadeaux? Je ne sais pas de quoi tu me parles petit être.
-         Ouvre-les, il serait dommage que tu n’obtiennes pas ce qui t’est destiné.
 
En même temps, l’écureuil s’était mis à grimper à l’arbre et il disparut rapidement sautant de branche en branche et s’éloignant du jeune chat qui n’avait pas compris grand-chose à ce qu’on lui avait dit.
 
Mais ainsi, Azilon s’approcha des cadeaux et allait effectivement pouvoir recevoir ces cadeaux de Noël qu’il n’aurait pas eut sans l’intervention propice de l’écureuil. A l’aide de ses pattes et griffes, il parvint à déchiqueter les emballages qui ne lui résistèrent pas longtemps. Il y trouva principalement à manger, ce qui l’enthousiasma car manger était une chose qu’il parvenait difficilement à réaliser se nourrissant principalement de jeunes pousses, ce qui était étrange pour un chat; ainsi que divers objets dont la nature échappa au jeune félis et aussi une étrange boule qui plut énormément à Azilon, une pelote de laine. Il passa une grande partie de sa journée à jouer avec. A la fin du jour, la moitié de la pelote avait été soit déchirée, soit décrochée, soit effilée, soit déroulée, mais le lendemain matin, la pelote était complète et intact.
 
Ceci était le premier Noël qui est resté présent dans la mémoire du vieil Azilon.
 
 
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            Perdue, cela faisait déjà plusieurs mois que le chat avait perdu sa pelote. Et ce n’était pas peu dire qu’Azilon était en ce jour encore plus perdu que d’habitude. Il avait découvert une gigantesque étendue d’eau, la mer. Il n’en avait jamais vu de sa vie et il était perturbé. D’autant plus que sous la neige, une surface étrange s’enfonçait à chacun de ses pas pourtant légers. Ou était-ce ses pieds qui s’y perdaient? Le sable était pour Azilon une chose nouvelle et il ne comprenait pas le sens de ce sol si différent de ceux qu’il côtoie habituellement. En ces jours d’hiver, la nuit était venue vite, trop vite, Azilon n’avait pas prévu de lieu où dormir et il ne pouvait rester ici, alors que les vagues ne cessaient pas d’aller et venir, le niveau au fil de la journée ne cessant de fluctuer. Azilon était loin d’être bête et avait vu que cette grande chose mouvante pouvait si ça se trouve recouvrir tout ce sol où ses pieds perdaient appui. Mais aucun abri ou grotte ou autre ne semblait paraître devant lui. Il se mit donc à longer le rivage, ne se rendant pas compte que ce rivage pouvait le mener très loin avant de trouver ne serait-ce que le moindre abri où se reposer.
 
Heureusement, il aperçut plus loin quelque chose qui semblait reposer sur la mer elle-même. Il s’agissait d’un ponton qui s’avançait dans l’eau et auquel une barque de taille moyenne était attachée. Etrange, aucune habitation, ou trace de vie quelconque ne pouvait expliquer cette présence. Mais Azilon qui ignorait tout de ce que pouvait être un ponton ou une barque ne se posait pas la question d’une telle présence, pour lui c’était comme un arbre ou une fleur dans le paysage et quoi de plus normal que de découvrir des éléments inconnus de la nature en un lieu inédit de ses connaissances limitées.
 
Prudent, car n’ayant aucune confiance en ces flots mouvants et sombres qu’étaient la mer, il s’avança lentement le long de la petite passerelle de bois. Rien. Aucun abri. Puis, il observa la barque en contrebas, il vit qu’à l’extrémité de celle-ci un abri était constitué d’une planche en bois en dessous de laquelle, il pouvait se nicher. Mais le souci était de réussir à aller dans la barque sans finir au cœur des eaux froides et noires qui l’entouraient. Prenant du courage, il recula et fixa un temps les oscillations qu’effectuait la légère embarcation. Enfin, ayant bien étudié le mouvement, il s’élança et quelques instant plus tard, en moins d’une seconde, les pattes avant d’Azilon entrèrent en contact avec le dur bois de la barque. Il manqua de s’assommer contre le siège situé au milieu pour permettre l’assise du barreur, mais au moins il allait pouvoir dormir. Il fila sous l’abri, et rapidement, le chaton négligea le ressac, il oublia tous les évènements pour entrer dans le doux monde des rêves.
 
A son réveil, le chat était intrigué, inquiet même. Quelque chose clochait, mais il n’arrivait pas, à demi endormi, à demi réveillé, à en définir la source. Lorsqu’il se rappela les évènements du début de la nuit, la réponse lui vint tout de suite, qu’étaient devenus les remous de la veille? Il sauta lestement sur l’assise centrale et découvrit que l’embarcation se trouvait, non plus sur la mer accrochée au ponton mais sur la neige qui couvrait le sable. La corde, qui la veille encore tenait la barque amarrée, serpentait sur le sol, recouverte d’une fine poudre de neige. Magie de Noël, sans doute! Un nouveau détail sauta aux yeux du félis, face à l’encoche où il avait dormi, une petite porte de bois s’était ouverte, curieux, Azilon alla voir et il découvrit des cadeaux qui reposaient à l’intérieur de la sorte de placard aménagée par le propriétaire du bateau. Magie de Noël, encore.
 
Comme l’an passé, Azilon découvrit de quoi manger en grande quantité et aussi ces petits et divers objets, que l’on appelle jouets, mais dont le petit chat ignorait tout. Pas de pelote de laine, cette année. Malgré l’amusement que lui apportaient ces étranges choses et la joie d’avoir à manger pour un temps, le bonheur disparaissait vite pour laisser place au poids de l’ennui et de la solitude qui pesait de plus en plus sur le cœur de l’animal.
 
Nous finissons là, le deuxième récit de la veillée.
 
 
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Cette année, le vent soufflait fort, à tel point qu’une tempête de neige s’abattait sur les contrées de Gaïa depuis trois jours. Avec chance, notre petit Azilon avait trouvé refuge depuis une semaine dans une petite grotte désertée. Bien entendu, vicieux, pernicieux, le froid entrait et le chat souffrait de l’hiver, d’autant que l’abri n’était pas bien profond, mais au moins le vent ne l’atteignait pas. Sa seule défense était son pelage qui encore heureux était très épais. Si les années précédentes, les hivers avaient été rudes et durs à franchir car il n’était pas facile de trouver à manger et malgré les réserves qu’il se constituait à chaque fois pour prévenir de la mauvaise saison, Azilon n’était pas un animal hibernant, et ne prévoyait jamais assez; cette année était encore plus rude et dure, et le petit chat avait une apparence plus famélique qu’il n’avait jamais eut et ce n’était que le début de la rude période.
 
La réserve était encore conséquente, mais le félis évitait de trop l’entamer car il voyait bien que cette année serait plus rude. Son pelage bleu semblait s’être affaissé sous l’effet de la peau du corps contractée par la faim, mais pourtant, il était toujours autant fourni. Se collant au fond de la paroi rocheuse, le chat se blottit dans une espèce de petit nid litière qu’il s’était confectionné à la va-vite, et s’endormit rapidement. La fatigue l’emporta dans des songes fantasques à ses yeux qui en fait étaient souvenirs et réminiscences de lui, bébé avec Donps et Fasila, son père et sa mère.
 
Le lendemain, une sourde chaleur enveloppait Azilon. Il ne s’était jamais réveillé si tard un matin de Noël et il eut l’immense surprise de voir à proximité un feu qui réchauffait l’antre et surtout son petit corps. Magie de Noël renouvelée. Un tas gigantesque de fagots de bois était disposé dans la grotte faisant concurrence à la réserve de nourriture qui semblait avoir triplé en taille. Tout le restant de l’hiver, Azilon n’eut qu’à fournir régulièrement le feu des fagots de bois, il le faisait maladroitement mais il parvint à conserver son feu jusqu’à la fin de l’hiver. La nourriture le tint largement en état également avant la saison des pluies qui allait cette année lui offrir une belle rencontre nommée Nimarà, une naine.
 
Mais on s’égare, la magie de Noël n’avait pas apporté que nourriture, feu et bois, mais aussi dans le nid litière, Azilon trouva la pelote de laine qu’il avait perdue, il y a deux ans de cela, accompagnée de ce mot:
 
 

 

Joyeux Noël !
Désolé de ne pas être intervenu plus souvent.
Mais moi, le Père Noël, il ne met pas permit        d’agir plus d’une fois par an.
Le plus des cadeaux est de passer
Noël en famille et cela approche pour toi.
Mais où que tu sois,
Le Père Noël sait toujours où te trouver!
 
Ainsi, se passa le dernier Noël solitaire d’Azilon et qui contenait le message le plus important.
 
 
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-         Et voilà, mes petits ! Vous savez maintenant comment trois de mes Noëls se sont passés. L’un de vous peut-il me dire ce qu’il faut en retenir. Oui, Nimarà?
-         Je porte bien le même prénom que la naine de ton histoire, est-ce que je resterais petite moi aussi?
-         Ah, ah, ah, ah, ah, Azilon ne put retenir son rire, ainsi que les parents qui étaient derrière. Ma chérie, non, tu ne seras pas naine, mais de toute façon, Nimarà était bien plus grande que tu ne le seras jamais, car elle n’était pas une félis, mais bien du peuple des nains. Alors quelqu’un sait-il le fin mot de tout ça?
-         Je crois que vous vouliez nous faire savoir que le Père Noël saura toujours où nous sommes et qu’on aura toujours quoiqu’il arrive nos cadeaux de Noël, mais aussi que la magie de Noël est la plus belle de toutes les magies et que le plus important est que nous passions ce jour en compagnie de notre famille.
 
Personne ne répondit, juste le silence accueillit cette phrase car elle disait vrai et que tout le monde ne put que consentir à cela. Après un temps de silence, Azilon reprit la parole:
 
-         Et maintenant, tout le monde file au lit. Le Père Noël ne va plus tarder.
 
Après les embrassades, tout le monde quitta le salon, laissant Azilon seul dans le salon ravi de ses enfants et petits enfants. Oui le plus beau des cadeaux était de passer Noël en famille, il l’avait compris à son retour à Batipê en compagnie de son frère, Peegle Kwit, le hérisson et quelques autres félis, où il revit sa mère après plusieurs années de perdues à tout jamais. Il se leva enfin et se rendit dans son lit.
 
Le lendemain fut une journée magnifique, et ce Noël encore qui passa se fit en famille, et fut le dernier Noël d’Azilon!
 


Précision, le mot du Père Noël est normalement encadré d'un ovale et doté de petites décorations d'étoiles et d'une lune, mais ça passe pas!

Publié dans Ecrits

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N
J'ai beaucoup aime l'histoire *_*<br /> Vive la magie de Noel je dis ^-^ Et aussi c'est dommage pour grand pere Azilon c'etait triste que ce soit son dernier Noel
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